Littérature jeunesse chinoise : formation à Brest [1/2]

La bibliothèque de Brest m’a aimablement demandé de donner une demi-journée de formation sur la littérature jeunesse de la Chine contemporaine le 6 février 2020, avec comme public les bibliothécaires du territoire (merci à Fanny Valembois pour sa confiance et sa recommandation). J’en publie ici les grandes lignes en amont et reviendrai, après l’événement, sur les questions soulevées.

—–médiation d’une littérature en évolution—–

Je présenterai la littérature jeunesse de la Chine contemporaine du point de vue de sa médiation en France. Comment faire passer ou partager avec un jeune public une littérature qui ne fait pas partie du patrimoine français, et dont le médiateur lui-même apprend à apprécier les qualités et les ressorts ? Cette question ne cesse de nous interpeller depuis la création des éditions HongFei en 2007. Comme éditeur, notre quotidien est celui d’un médiateur entre auteurs, illustrateurs et lecteurs. Et, comme éditeur originaire de Taiwan, je suis constamment amené à dialoguer avec des interlocuteurs venant des cultures française et chinoise, jonglant avec les mots et les métaphores, sans céder à la facilité de clichés.

Cette excursion dans une littérature étrangère, en l’occurrence celle chinoise destinée aux enfants, se profile donc comme un « compagnonnage » où ce médiateur d’un type particulier (l’éditeur) actualise son regard sur le monde en même temps que les autres médiateurs.

Pour un état des lieux : en ce qui concerne les albums illustrés publiés en Chine, depuis les années 1990 jusqu’en 2006, neuf titres sur dix sont traduits de l’étranger. Depuis, les initiatives privées et les politiques publiques ont fait bouger les lignes. En 2014 on comptait 2000 albums traduits et autant créés en Chine. (Les albums illustrés représentaient alors 1/10 des livres pour enfants en Chine.) Les documentaires (nature, sciences, etc.) étant par ailleurs prisés des parents, tout comme ceux porteurs de la culture classique chinoise.

Trois noms d’auteurs sont relativement bien connus en France : CAO Wenxuan, lauréat du prix Hans-Christian Andersen en 2016, auteur de romans dont Bronze et Tournesol ; ZHU Chengliang, illustrateur de Réunis distingué par le prix du New York Times en 2011 ; et XIONG Liang, auteur-illustrateur dont les références à l’héritage culturel chinois ont beaucoup séduit les parents chinois à la fin des années 2010.

Cependant, le choix de ne s’intéresser qu’à la production d’auteurs vivant en Chine ne s’impose pas : tous auteurs pratiquant la langue chinoise pourraient se considérer et/ou être reconnus comme chinois, où qu’ils vivent. C’est le cas d’Edward YOUNG aux Etats-Unis, CHEN Jiang Hong, HE Zhihong et WANG Yi en France et YU Rong au Royaume-Uni.

(à suivre)

image : Les Chevaux chez Mamie (titre provisoire), lauréat du prix Feng Zikai en 2019 ; l’autrice XIE Hua (gauche) et l’illustratrice HUANG Li. A paraître aux éd. HongFei en 2020.