La Cina e i Libri per ragazzi

éd. Giannino Stoppani 2018
Pendant longtemps, nous savions que la Chine se trouverait à Bologne, centre de l’attention mondiale pour la production de livres pour enfants, à l’occasion de la 55e édition de la Foire du livre pour enfants de Bologne. La Chine « adulte » avait été mise à l’honneur de la Buchmesse de Francfort en 2009, et nous nous souvenons de la déception causée par l’absence des auteurs invités par le pays hôte, l’Allemagne, parce que la Chine leur a interdit de voyager à l’étranger. L’opinion publique était divisée, entre ceux qui pensaient que la Chine était prête pour un dialogue avec l’Occident, et ceux qui affirmaient le contraire.

Il y a dix ans, à Francfort, les livres chinois pour enfants ne recevaient pas autant d’attention qu’aujourd’hui et il nous était impossible de comprendre ce qui bouillait dans la marmite. L’offre sur les stands d’éditeurs chinois était relativement pauvre, et les catalogues peu lisibles. Alors qu’ils ont échappé à notre attention, leur présence prochaine à Bologne témoigne de ce qu’ils ont construit depuis. Le premier succès international est certainement le prix Hans Christian Andersen attribué à l’écrivain Cao Wenxuan en 2016. Avant et après cette reconnaissance, un travail intense et ininterrompu de relations entre les professionnels de l’industrie du livre pour enfants s’est développé, qui a donné lieu à des projets, des échanges, des livres et des traductions.

Avec ce guide bibliographique, nous entendons garder une trace de notre perception de cette évolution et de notre façon d’aborder la Chine et sa culture, afin d’enrichir nos connaissances en la matière et de les transmettre aux enfants italiens qui fréquentent beaucoup cette culture à travers leurs amis et camarades d’école. Nous rappelons à nos lecteurs que ce guide couvre indifféremment les auteurs vivant à Taiwan écrivant en chinois, ceux des Etats-Unis ou du Canada écrivant en anglais sur la Chine, et encore ceux parlant français dont le dessin est inspiré de la tradition picturale chinoise. Qu’un bon livre naisse dans un pays et se déplace dans d’autres est le signe d’une bonne santé culturelle. La culture se joue des frontières tant que les histoires et les idées circulent librement.
 
Comme pédagogues, nous nous reconnaissons dans l’enseignement de John Dewey, le grand penseur américain dont la pensée a rayonné jusqu’en Chine. En effet, il y arriva le 1er mai 1919, trois jours avant le Mouvement du 4 mai. Il a tenu une série de conférences, la dernière étant consacrée à la liberté intellectuelle :

« Chaque individu est un centre de vie consciente, de bonheur et de souffrance, d’imagination et de pensée. C’est le principe ultime sur lequel repose la démocratie. Mais cette existence consciente ne peut être développée ni réalisée qu’en association avec d’autres, dans les échanges e les interactions fluides. Le sens des relations d’amitié est justement cela. Si, d’un point de vue personnel, la démocratie implique que tout le monde devrait avoir la possibilité de se réaliser intellectuellement – en arts, en sciences – cela signifie également que tout le monde devrait pouvoir entretenir des relations libres et échanger avec tous les autres, sans entrave. La démocratie politique fournit l’outil et la forme de cet échange ; elle le rend possible. Il s’ensuivra le développement de l’éducation, de l’entreprise, la destruction de l’enfermement familiale et des barrières de classe. »

GRAZIA GOTTI, SILVANA SOLA · Accademia Drosselmeier