Le 11 mai : Retrouvailles !

image de Thierry Dedieu extraite du Secret du clan

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Chers tous et chères toutes que nous espérons en forme,

Ensemble, depuis deux mois, nous vivons un bouleversement sans précédent de notre vie quotidienne. Après cette période de confinement, une crise économique semble devoir s’ajouter à la crise sanitaire. Le moment souligne que notre existence est vulnérable et que nous dépendons les uns des autres. Surmonter cette vulnérabilité n’est donc pas sans lien avec nos choix de société.

Dans le monde du livre et au-delà, on a discuté et parfois on s’est disputé sur la question de la réouverture des librairies et notamment sur le point de savoir si le livre est un bien de première nécessité. Chez HongFei, nous pensons que si la lecture est essentielle, en temps de confinement, le livre n’est pas un bien indispensable à la survie des lecteurs. Pourtant, voilà près de treize ans que notre maison existe et s’attache du mieux qu’elle peut à faire des livres. En réalité, la situation actuelle fait apparaître une évidence : en ces temps de crise, ce que nous créons, avec nos compétences, à force d’investissements humains et financiers, en cohérence avec des intentions et pour faire sens, ne constitue pas un bien de première nécessité ! Et ça ne nous pose aucun problème existentiel. Au contraire, cela révèle qu’une société, quand elle le veut, peut choisir de valoriser et promouvoir ce qui ne sert pas à la survie mais sert la vie et parfois l’élève tels les arts et la création. Et cela, c’est ce qui charpente, édifie, crée des ressources, assure des réserves pour, précisément, nous permettre d’endurer les temps difficiles, les traversées du désert.

Dans ce moment où, une fois encore, on a étiqueté, évalué, jugé – ici, sous couvert d’utilité sociale – les rôles des uns et des autres, il nous paraît que chacun est utile, mérite le respect et, mieux, d’être reconnu pour son activité ou son travail, à tout moment, afin qu’ensemble, toujours, nous fassions société. Car c’est de cela dont il est question. Soignants, travailleurs « de deuxième ligne », confinés, commerces fermés, tous ont tenu le rôle que ce moment requérait d’eux.

Les moments se suivent et, souhaitons-le, ne se ressembleront pas. Demain, où tout dépendra aussi de nous tous, nous retournerons chez nos fleuristes, nos coiffeurs, nos commerces préférés, dans nos librairies. Nous y reviendrons en pensant à Théo Van Gogh, le galeriste qui achetait ses toiles à son frère. Sans lui, Vincent n’existerait pas.

image de Jimmy Liao extraite de Nuit étoilée, à paraître en août 2020