Le salon du livre jeunesse en Erdre & Gesvres a fait l’honneur aux éditions HongFei avec plusieurs de ses auteurs invités et une exposition dans le parc de la mairie de Sucé-sur-Erdre, de mars en mai 2021.
Nous avons été impliqués dans le programme de la journée professionnelle du jeudi 25 mars, à travers une table-ronde autour du thème de la créativité en album jeunesse, entre patrimoine et renouveau. La rencontre réunit deux médiatrices expérimentées (Joëlle Turin et Sylvie Douet), un auteur-illustrateur (Régis Lejonc) et moi-même en tant qu’éditeur.
Je n’ai pas l’impression de voir souvent les auteurs ou éditeurs saisis de la question du patrimoine, qui préoccuperait davantage les médiateurs dont la mission est d’orienter les lecteurs parmi les milliers de références (cf. « Classiques et littérature jeunesse : permanence, retours et détours », NVL n°183, février 2020). Je me rappelle un échange saugrenu avec un enseignant en 2009. La question nous a été adressée, non sans méfiance : « Ce que vous publiez relève-t-il du patrimoine chinois ? » Il ne serait pas juste de répondre « oui » car ce sont les œuvres d’auteurs vivants ou assez récents. Il n’y a pas de sens de répondre « non » car ces auteurs sont de vrais Chinois qui pensent, s’émeuvent et s’expriment forts de leur héritage culturel millénaire.
Ce que nous publions, c’est de la création nourrie d’un patrimoine. En effet, la création n’est pas synonyme de tabula rasa. Elle se fait avec des éléments existants que nous regardons comme une ressource et que d’aucuns qualifieraient de patrimoine.
Et comme éditeur, la tâche que nous nous assignons est d’inviter le lecteur, à travers nos publications, à « faire une expérience » comme les classiques le firent jadis pour les lecteurs de leur temps. Dans ce sens, les livres que nous publions sont encore une ressource qui pourrait rejoindre le rang du patrimoine, mais nous en sommes assez peu préoccupés. Les lecteurs et le temps s’en chargeront.
rédaction : Chun-Liang Yeh