Pendant les vacances, une petite fille rejoint son grand-père sur une île de pêcheurs. Elle vaque à ses occupations, dont celle de distinguer les villageois selon qu’ils portent ou pas un petit crabe en tatouage sur l’avant-bras.
C’est la fête des âmes : au bord de la mer, une lanterne est allumée en souvenir de grand-mère. Le lendemain, devant une scène mystérieuse sur une plage au lever du jour, le grand-père accompagné des tatoués transmet à la petite un secret du cœur : « Il y a des beautés qu’on peut admirer sans comprendre ».
Ce n’est pas une histoire qui apprend aux enfants comment devenir un bon citoyen, sauver la planète ou lutter contre le racisme. Non, c’est un album qui résonne avec une multitude de questions philosophiques sans nous y enfermer, et qui nous en sort par le haut, par la grâce.
C’est une histoire de relations, d’affinité élective entre grand-père et petite fille, sur fond d’une grand-mère attentionnée et d’un fils (le papa de l’enfant) absent « qui a toujours eu les yeux en direction de la ville ».
C’est une histoire de regard : notre perception des choses est intimement liée avec notre expérience et notre désir. « Si le professeur voyait cela, il voudrait tout expliquer. Les policiers feraient une enquête. L’épicier, lui, chercherait à en tirer profit. » Libres de sollicitudes, nous reconnaîtrons le mystère de la beauté si nous avons la chance de le croiser.
Le « clan » des tatoués n’a rien d’exclusif : c’est la disponibilité de chacun qui décide si l’on peut en faire partie, ou pas.
C’est enfin une histoire de temps : grand-père sait être patient. Il a attendu que la petite soit prête pour lui transmettre son trésor.
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Un grand merci à Thierry Dedieu et à Gilles Baum de nous avoir confié ce récit plein de pudeur et d’élégance.
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