Mori aime s’exprimer en image, même s’il a un langage très précis et nuancé. Devant les belles illustrations de « La Rivière », notre accompagnement de l’auteur fut double: l’encourager à créer un texte, sans se soucier de qui va lire, puis le « traduire » avec lui en un français accessible aux jeunes lecteurs.
Après la publication, certains lecteurs à Taiwan comme en France nous ont fait part de l’étrangeté qu’ils ressentent lors de leur lecture. Dans ce texte, on devine qui a parlé sans en être parfaitement sûr, et quand bien même qu’on le saurait, on n’est pas certain de comprendre entièrement ce qui est dit. À côté des images très lisibles et évocatrices, le texte n’est pas seulement poétique, il paraît parfois énigmatique.
Il y a manifestement une part d’implicite dans ce récit, qui ne se confond pas avec une imprécision ou une approximation. En effet, sous sa forme très graphique et contemporaine, il renoue discrètement avec la tradition de la poésie chinoise qui met en scène les paroles et les émotions – si profondes que mille ans après nous les lisons toujours – sans même employer de pronom pour désigner ceux qui les auraient prononcées ou éprouvées. Le sujet essentiel n’est pas les individus, mais les sentiments qui les relient, hier et aujourd’hui.
Nous vous souhaitons une bonne lecture…
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