Animal totem : l’histoire d’une rencontre

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Au printemps 2016, un texte d’une fraîcheur et d’une finesse exceptionnelles atterrit sur le bureau des éditions HongFei. Il est signé par Agnès Domergue. On y entend les bruits de la forêt, on y voit les couleurs des saisons. On a le cœur qui bat à l’unisson avec celui du narrateur parti à la recherche de son animal totem. Celui qui lui ressemble, celui qui le protège.

En 2018, cette quête prend forme illustrée par Clémence Pollet. Au fil des dialogues avec Corbeau, Biche, Ours, etc. naissent des scènes énigmatiques riches en couleurs, celles du jour et de la nuit, de la neige et du sable chaud. Mais l’animal totem du narrateur reste introuvable…

Comme on le dit souvent – du bonheur, de l’amour – c’est quand on cesse de courir après qu’il vient à soi. C’est ainsi qu’à la scène finale, le·la lecteur·trice découvre à la fois l’animal totem et l’identité du narrateur resté mystérieux jusque-là. Mais est-on si sûr de qui cherche et qui est trouvé ? Ici, le dénouement illustré réserve bien des surprises.

En réalité, en suivant la quête jusqu’au bout, c’est à une rencontre qu’il nous est donné d’assister. Car, pour que l’animal totem soit trouvé, il faut qu’il consente à l’être. Mieux, il est lui aussi en quête. La rencontre n’existe pas lorsque l’un fait tout le chemin et l’autre, passif, sans volonté, ne bouge pas de là où il est. Une rencontre véritable résulte d’une marche commune l’un vers l’autre. Cette vision magnifiquement portée par l’album entre en parfaite résonance avec la philosophie des éditions HongFei qui encouragent l’implication des lecteurs dans leur rencontre avec le livre (et ses auteurs).

Lorsqu’une quête est couronnée par une rencontre véritable, celle-ci est un cadeau qu’on chérit, pas un dû. Homme volontaire, je n’épargne pas mes efforts pour parcourir de longs chemins, quitte à me retrouver face à un vide (qui n’est pas sans beauté). Soit ! Mais il m’arrive aussi d’avoir d’heureuses surprises car celui/celle que je devais rencontrer me cherchait aussi. Je me souviens ainsi du salon du livre de Taipei (Taïwan) de 2010. Cette année-là la France était le pays mis à l’honneur. Plusieurs éditeurs français firent le déplacement. Brigitte Stéphan, alors directrice des éditions du Baron perché, et moi y avons fait connaissance et avons gardé des liens d’amitié. Si j’aime à me rappeler cette rencontre, c’est parce que la bienveillance constante de Brigitte a, depuis, infléchi positivement la trajectoire de notre maison d’édition, à la manière d’un ange gardien. Chacun de nous, en allant de Paris à Taipei, a fait « la moitié du chemin » pour trouver l’autre, comme le voyage improbable dans Animal Totem.

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photo : CultureKids

post-scriptum : désormais, le livre pourra même se lire en version « haute-couture » : Bravo à Clémentine Chabanaud de la Clef Rouillée d’avoir confectionné un incroyable raconte-tapis dans le cadre d’un projet culturel mené à la Chaise-Dieu (Haute-Loire).

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