Il y a dix jours j’ai trouvé sans le chercher un ouvrage de W. Somerset Maugham On a Chinese Screen (Sur un paravent chinois) publié en 1922. C’est un recueil de 58 très courts récits ayant pour théâtre la Chine du début du vingtième siècle. Les intrigues y ont une place assez secondaire. Les personnages, principalement des Européens expatriés, sont observés et dépeints avec minutie. Le regard attendrissant de l’auteur, exprimé avec beaucoup de retenu, se porte le plus souvent sur les paysages, un véritable médium qui humanise un monde tiraillé entre deux civilisations.
Par la suite, un curieux hasard m’a fait découvrir le film The Painted Veil, réalisé en 2006 par John Curran, d’après un roman du même Maugham publié en 1925 et traduit en français sous le titre La passe dangereuse. Là, les facettes entrevues dans On a Chinese Screen se recomposent en un saisissant tableau d’une époque où se déroulent les péripéties matérielle et sentimentale d’un couple anglais en Chine, pour aboutir à la compréhension et au pardon. Un dénouement remarquable qui reflète l’idée noble que l’auteur avait de la condition humaine, perceptible déjà dans son roman Of Human Bondage publié en 1915.
En voyant ce film ou en relisant son auteur, les Chinois et les Européens auront-ils un nouveau regard les uns sur les autres ? Un regard actuel et serein qui ne soit pas dicté par les soubresauts de l’actualité.