J’ai eu le bonheur d’être parmi les auteurs invités à rencontrer les enfants de la communauté de communes de la région de Mourmelon le 15 mars, et de prolonger le plaisir en les retrouvant sur le salon du livre aux côtés de Charlotte Gastaut, Agnès Domergue, Fabien Fernandez, Nicolas Bianco-Levrin et de nombreux voyageurs carnettistes dont Antonia Neyrins et Claire Dupoizat. Un grand merci à l’équipe organisatrice menée par Sophie.
Depuis 2008 j’ai fait pas mal de salons comme éditeur ou comme auteur. L’invitation de la Mourmelonnie a une signification toute particulière pour moi. Ici, le salon a lieu une fois tous les deux ans ; c’est donc une occasion rare. Pour cette édition dont le thème est le voyage, j’ai été choisi par l’organisateur grâce à l’album L’Autre bout du monde dont l’histoire est inspirée de mon enfance à Taïwan. Mais avant tout, ce salon me ramène au cœur de la région de Champagne, où j’ai passé ma première année en France.
En fait, ma vie française a commencé ici, à Reims, un beau jour de septembre 1992.
Vingt ans après y avoir vécu, j’y retrouve la cathédrale, le mail majestueux devant la gare, la place royale, les rues semi-piétonnes qui accueillent maintenant les trams élégants, et les placettes paisibles qui jalonnaient mon chemin d’étudiant… C’est ici que j’ai suivi les cours de langue et de civilisation françaises avant d’entrer dans une école d’architecture à Paris.
Architecture gothique, édifices classiques, constructions de l’après-guerre… je suis sensible au charme de ce paysage urbain qui raconte l’histoire de la ville, de la région et de la France. Mais ce qui me relie intimement à cet endroit, c’est le souvenir du jeune homme que je fus, qui le parcourait avec innocence. Il y apprenait à s’inventer une nouvelle vie dans un pays inconnu. Comme sur la prémisse d’un château enchanté qu’il s’apprêtait à explorer, il ne pouvait pas imaginer tout ce qui l’attendait devant lui : palais, galerie, grotte, labyrinthe, folie… mais aussi un arrière-goût de nostalgie de sa vie antérieure. Non, il ne pouvait pas savoir tout ça à ce moment-là.
Et comme à l’époque il ignorait presque tout de la France, il ne pouvait pas savoir non plus CE QU’IL NE TROUVERAIT PAS ailleurs. Maintenant, il le sait. C’est pour ça que Reims est et restera unique pour moi. Les autres villes sont des escales ; elle, ma ville natale.
à gauche : Il était une fois… contes en haïku, texte d’Agnès Domergue, éd. Thierry Magnier 2013
à droite : Carnet de Reims : Reims vue par 12 artistes (dont Claire Dupoizat), Bibliothèque municipale de Reims, 2011