Mes Vacances chez Mamie, écrit par Xie Hua et illustré par Huang Li, a remporté le prix Feng Zikai en 2019. Ce prix biennal, créé en 2009, récompense les meilleurs albums originaux en langue chinoise. Le lauréat de la première édition, Réunis, est publié en France par les éditions HongFei en 2015.
Désireux de faire découvrir au public français les albums chinois les plus réussis selon les critères des premiers intéressés – les lecteurs chinois eux-mêmes, nous avons publié plusieurs ouvrages de l’illustrateur Zhu Chengliang dont Réunis, Flamme, La Lanterne de Tonton, Mamie Coton compte les moutons et Brille encore, soleil d’or. Quant à l’illustratrice Huang Li, les lecteurs français ont pu découvrir sa sensibilité généreuse par La Graine du petit moine (éd. HongFei 2014). Mes Vacances chez mamie offre une nouvelle occasion d’admirer son talent d’insuffler vie aux personnages par ses traits vigoureux et parfaitement maîtrisés.
L’histoire est simple : pendant les vacances d’été, une mamie accueille, dans son appartement, son petit-fils Xiaoma… et ses « chevaux » qui (dans l’imagination du petit) se chamaillent, se bagarrent, font la fête et se multiplient au fil des jours. Ces chevaux « théoriques » sont comme un révélateur magique du caractère des deux protagonistes, et de leur relation teintée de tendresse, d’indulgence et de complicité.
Le penseur chinois Zhuangzi 莊子 (3e siècle avant J.C.), riche en métaphores, a forgé l’expression « On peut oublier ses filets quand on aura attrapé les poissons » 得魚忘筌 pour dire que, une fois qu’on réussit à tenir l’essentiel, on peut se détacher des moyens d’y parvenir. Les chevaux « théoriques » de Xiaoma seraient-ils ces filets dont parle Zhuangzi ? Dans tous les cas, cette histoire d’une contemporanéité évidente porte des sentiments bienveillants, dont le caractère « essentiel » est d’autant plus touchant qu’ils sont intemporels.