En 2007, Loïc et moi sommes partis d’une offre éditoriale que nous pensions simple : de la littérature pour enfants. C’est seulement après nous être lancés que nous prenions mieux conscience de l’existence de filtres et barrières dressées, par les adultes et souvent d’une façon impensée, entre un enfant lecteur et une pièce de littérature, avec tout ce que celle-ci comporte de gratuit, de subversif et d’émancipateur.
Il n’a jamais été facile de soulever la question de diversité culturelle en littérature jeunesse, car cela implique d’accepter de regarder la culture française ou occidentale comme une culture parmi d’autres. Et d’envisager qu’un livre créé ici, apparemment « universel », porte déjà des références et valeurs propres à l’Occident qui ne se vérifient pas partout ailleurs de la même façon (par exemple le rapport au temps, à la volonté individuelle et aux changements). L’observer n’est pas rabaisser la culture d’ici. Au contraire, il nous élève en élargissant notre horizon.
Cette sensibilité à la PLURALITE DES CULTURES est, il nous semble, un préalable pour aborder la question de l’interculturalité.
Comme tout projet, le plus difficile est de poser la première pierre. Nous remercions chaleureusement Pamela Ellayah, doctorante à l’INSPÉ laboratoire 3L.AM au Mans Université, d’avoir organisé une table-ronde sur ce sujet le 20 juin 2024 où j’ai eu l’honneur et le plaisir de partager l’expérience des éditions HongFei aux côtés de Christine Morault (MeMo) et Corinne Fleury (Atelier des nomades).
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Ci-dessus : deux des albums évoqués dans la rencontre. La Graine du petit moine (texte de Wang Zaozao illustré par Huang Li, éd. HongFei 2014 dans la collection Vent d’Asie) et L’Attente (texte de Maïa Brami illustré par Clémence Pollet, HongFei 2021). Tous deux nous invitent, d’une façon magistrale et émouvante, à faire une expérience de décentrement.
