« Le Goût du Cresson », singulier et universel

Selon les statistiques de 2022, la diaspora chinoise compte environs cinquante millions d’individus. Tandis que 75% d’entre eux se trouvent en Asie du Sud-Est, les États-Unis en accueillent 5,5 millions derrière l’Indonésie (11M), la Thaïlande (7M) et la Malaisie (6,9M) et devant Singapour (3M). La communauté des résidents chinois en France était alors estimée à 750 000 personnes.

L’idéal républicain de la France ne la porte pas vers la reconnaissance ou la valorisation des communautés. Celle chinoise comme tant d’autres fut donc longtemps invisibilisée. En littérature jeunesse, le public est davantage sensibilisé aux thèmes dits « universels » comme les émotions, l’écologie, la lutte contre le sexisme ou autres sujets de société. Le goût du cresson, album inspiré du vécu d’une pré-adolescente d’origine chinoise vivant aux États-Unis, fait plutôt figure d’exception en France.

Nous sommes cependant fiers de l’accueillir au sein du catalogue HongFei pour sa qualité littéraire et artistique. Et émus d’emprunter ainsi le sentier du singulier pour atteindre l’universel de l’expérience humaine.

En effet, les parents de l’autrice de l’album Andrea Wang font partie des millions de Chinois qui ont quitté leur pays. Cependant, la jeune Andrea ne se sentait pas du tout appartenir à cette vaste communauté d’expatriés. Elle portait le fardeau de sa « singularité » dans une petite ville d’Ohio très essentiellement peuplée de « Blancs ». Bien des années plus tard, quand la vie l’a amenée à écrire l’histoire du Goût du cresson, elle ne croyait pas que ça intéresserait grand monde. Pourtant, aujourd’hui, le livre est lu aux États-Unis, en Chine, à Taiwan, en Turquie, en Allemagne… et pas que par la diaspora chinoise.

« J’ai écrit cette histoire à la fois comme une demande de pardon et une lettre d’amour à mes parents… Partagez vos souvenirs, Racontez vos histoires. Elles sont essentielles. » (Andrea Wang dans la postface)

Pour savourer ce récit, vous n’avez pas besoin d’être enfant d’immigrés chinois, ou enfant d’immigrés tout court, car il parle à tous ceux qui comprennent intuitivement, comme ce lecteur de sept ans qui s’est confié à Andrea un jour, qu’ « on doit être fier de qui on est, et reconnaissant de ce qu’on a reçu ».