Dans deux des dernières notes du blog, nous avons parlé d’une « expérience de lecture ». Mais, qu’entendons-nous par le mot « expérience », précisément ?
Comme le sens des mots est parfois mieux défini « en creux », voyons d’abord ce qui n’est pas une expérience. Par exemple, dans la plupart des cas, une évasion n’est pas une expérience. L’évasion, à l’occasion d’une lecture, s’apparente généralement à une parenthèse qui s’ouvre puis se ferme, dans un cours à peine perturbé de la vie. Après la parenthèse, on « reprend une vie normale » et ses habitudes. Quant à l’expérience, au contraire, on n’en sort pas indemne. Après une expérience, nous ne regardons plus le monde de la même manière qu’avant. Nous acquérons une nouvelle façon d’interagir avec le monde – une façon plus riche dans le meilleur des cas.
Une autre manière de définir l’expérience consiste à distinguer et contraster les deux sens du mot. Dans la langue anglaise, ce double sens s’exprime avec deux mots distincts : experience et experiment. Tandis que l’experiment renvoie à un protocole d’épreuve préalablement établi, éventuellement répété, par lequel on teste une théorie ou collecte de nouveaux objets d’observation, le mot experience met davantage l’accent sur une connaissance ou une sagesse qui ne s’obtient pas autrement que par un vécu, une pratique. Avec l’expérience, nous créons un sens à notre parcours au lieu de le trouver tout fait.
L’expérience se vit ainsi comme un processus ouvert qui stimule nos sens et libère notre esprit. Si, au début d’une expérience, le premier pas vers l’inconnu peut inquiéter, ceux qui suivent finissent par élargir nos horizons et nous permettre d’être mieux en phase avec le monde qui nous entoure. C’est dans cette perspective que nous invitons nos lecteurs à une « expérience de lecture » d’une littérature chinoise accessible aux enfants.
image : le mot « expérience » en deux caractères chinois